Mon beau plato *
De retour au cœur de la vie du Plateau de Saclay, après une relative déconnexion suivant une intense période – fin 2012, où j’ai beaucoup parcouru ses chemins sillonnants à travers champs pour comprendre « comment ça marche » ici. Si on peut le faire à New-York, c’est une autre histoire de le faire à Saclay.
Je suis présente cet après-midi chez SystemX pour son rendez-vous annuel « Future@SystemX« , dédié en grande partie à la communauté de l’ingénierie système et des systèmes complexes, ce qui me fait croiser beaucoup de têtes familières de projets liés à CSD&M et à C.E.S.A.M.E.S., un client historique de SW&Vous !
Table ronde 1 :
« Ancrage territorial au service du développement économique ».
David Bodet, Président de la CAPS, a la parole le premier. J’avais beaucoup apprécié son discours il y a deux ans lors d’un événement CCI. Ses cheveux ont blanchi, c’est mauvais signe quand on sait qu’il a un discours plutôt volontariste pour le Plateau, et qu’il ne craint pas de mettre le doigt sur les difficultés réelles à produire du travail et de la vie sociale, fluides, sur le territoire.
Il dit d’ailleurs que la zone d’activités désertée à 18h n’est plus le modèle, nulle part dans le monde.
Il développe son concept de la « bataille du temps ». Juste avant une période d’élections… à quels délais pensent-ils exactement ? Les discours politiques autour du développement du Plateau sont généralement équilibrés entre Progrès et Qualité de vie – d’un lieu assez épatant d’un coin de l’Essonne, alors en général on vote pour. Mais je m’interroge vraiment sur la force de la volonté politique entre naissance d’un bassin artificiel et luttes de pouvoir / contre-pouvoir. Où les élus des trente prochaines années nous emmèneront-ils ?
Patrick Cheenne, Responsable du développement économique, EPPS, appuie la démarche de coopération nécessaire au Plateau et qui passe par des initiatives comme l’IRT SystemX. Il ajoute que les réseaux d’innovateurs, avec les Fab Labs, les incubateurs, les écoles présentes et à venir développent cette coopération qui sera de plus en plus visible et productive. La promesse Saclay (qui ne peut pas toucher une non-scientifique comme moi, mais je pense que la promesse scientifique et technologique, elle, est déjà tenue), la promesse plus globale de développement du territoire et d’entrée massive d’acteurs qui changent la donne et créent un écosystème qui rejaillit sur une population entière en générant de la croissance… J’observe (et notamment le politique, comme dit plus haut). Récemment, je me suis fait la réflexion que l’âge d’or du Plateau ne correspondra sans doute plus à la partie active de ma carrière professionnelle (!).
François Cuny, Délégué Général de Systematic Paris-Région, rassemble toutes les données que l’on connaît du Plateau quand on est une TPE installée depuis fin 2008 comme moi, d’autant que la CCI se mobilise beaucoup pour faire descendre cette information aux entreprises. Ce qui est très surprenant à le voir et à l’écouter aujourd’hui, c’est son enthousiasme soulagé à avoir emménagé dans les immenses, les très beaux et très clairs locaux NannoInnov IRT SystemX. Sans rapport avec les petits bureaux trop modestes de Saint-Aubin pour leurs ambitions internationales… et leur élitisme affiché. Avec ce souvenir cuisant d’un ancien Président passé par l’endroit, qui ironisait sur les beaux champs et la forte capacité de projection demandée pour visualiser « la Silicon Valley à la française ». Qu’il a cependant promue partout.
Pierre Gohar et Patrick Leboeuf, FCS Paris-Saclay, parlent beaucoup en sigles associés au Cluster, le jargon du Plateau qui perd quiconque ne connaît pas… ou ne s’y intéresse pas. Cela me rappelle un entretien, très sympathique, avec un professeurs de Supélec qui réfléchissait à voix haute sur les bonnes opportunités du Plateau pour ma propre entreprise… et de lister toute une série de sigles raccrochés à des budgets à sigles vis-à-vis de publics à sigles 😉
(Photo des invités de la table ronde 2)
Table ronde 2 :
« SystemX : création de valeur ».
Eric Bantegnie, PDG Esterel Technologies,
Eric Conti, Directeur Innovation et Recherche, SNCF,
Eric Duceau, Directeur scientifique, Airbus Group Innovations,
Ces Messieurs, tous des Eric comme le signale le journaliste-animateur des débats Julien Jankowiak, expliquent leurs challenges d’innovation, leurs challenges produits, leurs challenges clients et à quel point une structure sur mesure et accueillante comme l’IRT correspond au temps des projets et de leurs développements, tels qu’ils doivent s’aligner aujourd’hui, chacun dans leur domaine (d’excellence).
En mot de la fin, M. Duceau précise qu’Airbus finance des lieux de recherche partout dans le monde, et que plutôt que de viser l’Inde, par exemple, il apprécierait que l’IRT à Saclay soit un spot recherché pour lui-même.
Michel Morvan, Président et co-Fondateur The Cosmo Company, jeune société de 3 ans en format TPE innovante (30 salariés, levées de fonds validées et annexe en Californie) explique comment sa société trouve sa place à l’IRT, qui n’est pas dédié aux seuls grands groupes. Il interroge cependant à la fin le « trou dans la raquette », qui correspond justement aux très petites entreprises innovantes qui végètent sans financements, et sans possibilités de se lancer pleinement.
Antoine Rauzy, Professeur et Directeur de la Chaire Henri Blériot, Centrale-Supélec, ravi d’être « la caution académique de cette table ronde ». Antoine Rauzy rappelle qu’il a à son compte plusieurs allers-retours entre l’académique et l’industriel (et la startup innovante et l’économie solidaire – note personnelle SW). Il affirme particulièrement que les jeunes chercheurs qui ont des ambitions concrètes pour leur travail trouvent naturellement leur place à l’IRT. Et termine sur l’indépendance financière de l’IRT, qui doit aller au-delà des premiers plans dessinés.
>> Lire le compte rendu officiel de la Journée sur le site de System X.
* EDIT DU 23 MARS (jour d’élection ;))
Le Plateau de Saclay est mon environnement quotidien depuis que je suis arrivée à Gif-sur-Yvette fin 2007. Le fait d’y avoir créé une société de services aux entreprises, accompagnée 2 ans par l’Agence pour l’Economie en Essonne puis la Boutique de Gestion Paris-IdF, qui a mené une douzaine de projets d’envergure depuis 5 exercices avec des TPE, des équipes projet de grands comptes et des associations, ne m’associe pas encore à son destin. Cela ne va pas de soi ici d’être une TPE innovante mais pas technique, et un projet de femme solo : le scénario du Plateau n’est pas en mesure d’absorber cette couche de savoir-faire. Et c’est avec un certain amusement que j’ai découvert cette récente news de la CCI, qui liste les critères pour entrer dans les programmes prévus pour faire interagir les gros et les petits dans le cadre du « réseau Plato » (réseau non spécifique à Saclay). Tant mieux pour les TPE de 3 salariés, mais dommage que le coup de pouce ne se fasse pas tout simplement vers ceux qui sont cœur de sujet sur les problématiques de pont entre les acteurs et les projets et la visibilité du Plateau… très à l’ombre de Paris.
>> Lire un autre avis que le mien.